lama-Maria a 45 ans. Derrière son sourire, il est difficile d’imaginer la violence qu’elle a traversé ces dix dernières années. Mais elle n’a jamais baissé les bras. Salama Maria s’est toujours battue pour son autonomie et parvenir à nourrir sa famille.
Une femme propriétaire dans un monde d’homme
Salama-Maria n’est pas une femme paysanne comme les autres. Dans la région des grands lacs, au Nord-Kivu en République démocratique du Congo, là où les terres sont quasi exclusivement détenues et gérées par les hommes, Salama-Maria détonne par son indépendance. Elle cultive son propre champ et fait figure d’exception.
Ici les femmes doivent lutter pour avoir accès à la terre. La société patriarcale les empêche de faire entendre leur voix et de prendre des décisions sur les activités agricoles. Même en cas de décès de leur conjoint ou de leur père, la coutume limite leur possibilité d’hériter. À tout moment, elles peuvent se faire expulser de leurs terres. Ce sont pourtant elles qui cultivent et sont les piliers économiques de la famille.
Tout perdre
Son petit village est situé dans un territoire en guerre à 200 km à l’ouest de Goma. La zone est envahie de groupes armés violents qui sèment régulièrement la terreur. Un jour son village est attaqué par un groupe armé. Elle fuit pour sauver sa famille.
La reconstruction tant bien que mal
Elle part se réfugier à Saké en quête de sécurité. Mais il est difficile pour une femme seule de repartir à zéro dans ce contexte troublé et sans aucune aide. Sa rencontre avec l’association Uwaki (l’Union des femmes paysannes du Nord-Kivu) lui permet de se relever.
Cette organisation de paysannes créée en 1997, soutenue financièrement depuis quinze ans par le CCFD-Terre Solidaire, lutte pour l’émancipation des femmes. Elle leur donne accès à des formations, des microcrédits, et les aide à défendre leurs droits.
Grâce à ses actions, l’association a permis à 3000 femmes d’accéder à plus de 2000 hectares de terre au Nord Kivu.
Salama-Maria en fait partie. Elle cultive à présent un petit champ qui lui permet de nourrir sa famille et de gagner sa vie. Avec les autres femmes d’Uwaki, elle transforme et vend ses récoltes. Ainsi elle ne dépend d’aucune aide financière ni alimentaire. Elle est autonome et compte bien le rester.